1B : Impact

1B1. Donner un vrai sens à la reddition de comptes : mesurer la confiance et protéger les communautés

Dans le domaine du développement, la reddition de comptes ne devrait pas uniquement s’exercer vers le haut (auprès des bailleurs de fonds), mais aussi vers l’extérieur et vers le bas – c’est-à-dire envers les communautés et les participant·e·s dont la vie est directement touchée. Trop souvent, lorsque le financement prend fin de façon abrupte, les organisations réduisent leurs activités ou se retirent sans véritable plan de transition, laissant ainsi les communautés vulnérables et la confiance affaiblie. Donner un vrai sens à la reddition de comptes signifie intégrer l’équité, la résilience et la durabilité dès le départ.

Cette présentation propose d’ajouter des dimensions transversales de reddition de comptes aux cadres d’évaluation afin que les aspects éthiques, financiers, participatifs et adaptatifs soient systématiquement pris en compte. Les organisations devraient être évaluées non seulement sur leur capacité technique, mais aussi sur leur crédibilité, leur transparence, leur éthique et leur historique de mise en œuvre responsable. Dès la conception, , les projets devraient inclure une réserve de clôture– un fonds dédié à assurer une fermeture responsable. Cela garantit que la communication, la transition et l’engagement communautaire se poursuivent même en cas d’interruption de financement. Les bailleurs de fonds devraient eux aussi être évalués sur leur responsabilité éthique et leur historique de désengagement responsable.

Les évaluations doivent aussi mesurer la perception et la participation des communautés, pour déterminer si elles se sentent informées, respectées et en mesure d’influencer les décisions. Cette approche multidirectionnelle – où les donateurs, les organismes exécutants et les communautés partagent la responsabilité – permet de passer d’une logique de conformité à une logique de protection réelle et de résilience.

Éléments transversaux de reddition de comptes dans l’évaluation :

Reddition de comptes éthique

  •  Axe : responsabilité morale et transparence, respect des engagements envers les communautés.
  •  Ce que les ONG devraient faire : adopter des normes de clôture éthique, communiquer ouvertement sur les risques et les promesses, et s’assurer que les engagements soient réalistes et tenus, même si le financement change.

Reddition de comptes financière

  •  Axe : budgétisation responsable et continuité du financement.
  •  Ce que les ONG devraient faire : inclure une réserve de clôture dès le départ, planifier une fermeture responsable, et divulguer les structures de financement de façon transparente.

Reddition de comptes descendante (vers les communautés)

  •  Axe : confiance, participation et perception.
  •  Ce que les ONG devraient faire : utiliser des systèmes de rétroaction et des enquêtes de perception, s’assurer que les communautés soient bien informées et puissent influencer les décisions, et suivre la crédibilité et l’équité organisationnelles.

Reddition de comptes adaptative (résilience)

  •  Axe : flexibilité, apprentissage et partage des risques.
  •  Ce que les ONG devraient faire : intégrer des plans de contingence et des mesures de durabilité dès la conception, s’adapter en fonction de l’apprentissage, et maintenir la reddition de comptes durant les transitions de financement.

Rhode Charles
Rhode Charles est spécialiste en suivi, évaluation et apprentissage avec dix-neuf ans d’expérience dans la direction d’évaluations et de recherches en Haïti, en Afrique, en Amérique latine et au Canada. Elle a géré des programmes de plusieurs millions de dollars financés par l’USAID, l’USDA, Affaires mondiales Canada, l’Union européenne, la Banque mondiale et la Fondation Mastercard. Certifiée en gestion de projets pour le développement (PMD Pro), elle est membre active de la Société canadienne d’évaluation. Elle milite pour des systèmes d’évaluation éthiques, équitables et résilients qui renforcent la confiance et la reddition de comptes entre bailleurs de fonds, organisations et communautés.

 

1B2. Étude de cas : collaboration entre l’évaluation et la vérification interne dans un projet de grande envergure et à fort enjeu

Dans les projets d’infrastructure à grande échelle et à haut risque, des données crédibles et opportunes sont essentielles pour éclairer les décisions. Cette présentation explore une collaboration novatrice entre les fonctions d’évaluation et de vérification interne de Transports Canada pour fournir une assurance et des conseils en temps réel dans le cadre de l’initiative canadienne de train à grande vitesse (TGV).

Grâce à une collaboration précoce et continue, la vérification interne et l’évaluation ont travaillé conjointement pour permettre des ajustements rapides et une amélioration continue tout au long de l’intervention.

L’évaluation a joué un rôle central en lien avec l’un des huit objectifs de contrôle évalués par la vérification interne, soit la réalisation des avantages. Cet objectif visait à s’assurer que les résultats escomptés étaient clairement définis et atteignables. Pour y contribuer, l’équipe d’évaluation a dirigé l’élaboration d’un modèle logique détaillé pour l’initiative TGV, fournissant une structure claire pour définir les résultats attendus et les indicateurs de performance. Ce travail a été intégré aux recommandations de la vérification interne, ce qui a mené à un cadre de gestion des risques plus robuste, axé sur les résultats.

Les deux fonctions ont offert des conseils en temps réel. L’évaluation s’est concentrée sur l’alignement du modèle logique avec les objectifs stratégiques, tandis que la vérification interne a développé un cadre intégré de gestion des risques pour l’initiative.

Les participant·e·s découvriront :

  • Comment l’évaluation peut servir d’atout stratégique pour renforcer la vérification ;
  • Les étapes pour intégrer les perspectives de l’évaluation et de la vérification afin d’améliorer la supervision et la gestion adaptative ;
  • Les leçons tirées pour favoriser la collaboration et renforcer la capacité organisationnelle dans les contextes gouvernementaux.

Cette étude de cas montre qu’une collaboration entre l’évaluation et la vérification interne permet de dépasser une approche purement conforme pour adopter une prise de décision éclairée et intelligente, au bénéfice de projets plus solides et de meilleurs résultats pour les Canadiennes et Canadiens.

Kyle Simpson, gestionnaire de l’évaluation, Transports Canada
Kyle Simpson est gestionnaire de l’évaluation à Transports Canada. Il cumule plus de 15 ans d’expérience en évaluation au sein du gouvernement fédéral. Titulaire d’une maîtrise en psychologie expérimentale de l’Université Carleton, il possède une expertise approfondie en conception de recherche et en méthodologies d’évaluation. Il a mené de nombreuses évaluations horizontales de projets complexes, avec un accent sur l’intégration de l’évaluation dans les processus décisionnels pour améliorer la reddition de comptes et la performance des projets.