1A. Idées

1A1. Renforcer la capacité organisationnelle en évaluation et en mesure du rendement : Réflexions sur une approche basée sur une trousse d’outils

Les stratégies organisationnelles en évaluation et en mesure du rendement permettent de clarifier, de standardiser et de renforcer la manière dont les organisations évaluent leur progression et leur rendement. En adoptant de telles stratégies, les organisations peuvent établir une vision commune, un langage partagé et un plan de travail cohérent pour favoriser l’amélioration.

Dans ce but, une trousse d’outils a été conçue en 2023 pour les évaluateur·rice·s , puis mise à l’essai lors de la Conférence de la Société canadienne d’évaluation (SCÉ) la même année. En 2025, cette trousse a été adaptée pour les spécialistes de la mesure du rendement et de la gestion axée sur les résultats (GAR), et testée au Symposium du Performance and Planning Exchange.

Cette trousse vise à :

  1. aider les praticien·ne·s à évaluer l’état de préparation de leur organisation à mettre en œuvre une stratégie d’évaluation ou de mesure du rendement à l’échelle organisationnelle ;
  2. les guider dans l’élaboration d’un plan d’action adapté au contexte de leur organisation, à ses priorités stratégiques et à leur propre rôle.

L’objectif général est d’aider les évaluateur·rice·s à générer des idées pratiques pour renforcer les capacités en évaluation et en mesure du rendement au sein de leurs organisations.

Cette présentation mettra en lumière les résultats du plus récent projet pilote portant sur l’utilité et l’impact de la trousse. Une réflexion sera également proposée sur l’avenir du développement des capacités organisationnelles en évaluation et en mesure du rendement.

Karolina Kaminska, doctorante, Université de Waterloo
Karolina Kaminska est doctorante en sciences de la santé publique, spécialisation en évaluation en santé, à l’Université de Waterloo. Elle détient un baccalauréat en sciences de la santé et une maîtrise en systèmes de santé de l’Université d’Ottawa. Elle a travaillé dans plusieurs organisations non gouvernementales et gouvernementales, tant nationales qu’internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé, le Centre de toxicomanie et de santé mentale, la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, et le ministère des Pêches et des Océans. Elle se spécialise en recherche qualitative et quantitative, en analyse, ainsi qu’en conception et approches méthodologiques en évaluation. Ses recherches doctorales actuelles portent sur l’amélioration de l’identification des adolescents ayant des problèmes de santé mentale et de consommation de substances, en s’appuyant sur l’évaluation à l’échelle des systèmes, l’analyse et l’apprentissage automatique.

 

1A2. Briser les silos pour favoriser l’apprentissage : repenser l’utilisation de l’évaluation dans la fonction publique fédérale

Les fonctions d’évaluation au sein du gouvernement fédéral visent à renforcer la reddition de comptes, l’apprentissage et la prise de décisions éclairées par les données probantes. Pourtant, les résultats des évaluations sont encore sous-utilisés par les gestionnaires de programmes et les cadres supérieurs (Bourgeois & Whynot, 2018).

Cette présentation s’appuie sur un cadre analytique développé dans les travaux universitaires récents du présentateur. Ce cadre mobilise les métaphores mécanistes et politiques de Gareth Morgan, le modèle culturel d’Edgar Schein, l’approche d’évaluation axée sur l’utilisation de Michael Quinn Patton, ainsi que le concept de culture évaluative de John Mayne pour expliquer pourquoi les résultats d’évaluation demeurent souvent peu utilisés dans l’administration fédérale canadienne.

En explorant comment la structure bureaucratique, les présupposés culturels et les dynamiques politiques influencent les comportements liés à l’évaluation, la présentation mettra en évidence les raisons pour lesquelles l’évaluation est souvent perçue comme un exercice de conformité, plutôt qu’un outil d’amélioration continue.

Trois grands constats seront synthétisés :

  • Structure : comment les bureaucraties mécanistes créent des silos et désalignent involontairement les rôles des évaluateur·rice·s , et des gestionnaires.
  • Culture : comment les hypothèses sous-jacentes — et non seulement les valeurs affichées — freinent l’utilisation de l’évaluation et limitent l’apprentissage.
  • Politique : comment les dynamiques de pouvoir et les intérêts divergents peuvent être reconsidérés comme des occasions de négociation, de co-détermination et de valorisation accrue de l’évaluation.

La présentation proposera une voie d’avenir fondée sur un leadership courageux, la pensée évaluative et le développement intentionnel de relations entre les équipes de programmes et d’évaluation. Elle mettra en lumière comment les organisations peuvent passer d’une culture de conformité à une culture d’apprentissage, où l’évaluation est perçue comme un atout stratégique plutôt qu’une exigence de surveillance.

Mahmoud Rahim, étudiant diplômé, Université d’Ottawa
Mahmoud Rahim est étudiant aux cycles supérieurs en évaluation à l’Université d’Ottawa et évaluateur au sein de la fonction publique fédérale. Ses recherches portent sur l’utilisation de l’évaluation, l’apprentissage organisationnel et la prise de décision éclairée dans les milieux gouvernementaux. Il s’appuie sur les théories de l’évaluation, la culture organisationnelle et l’administration publique pour analyser pourquoi les résultats d’évaluation sont souvent sous-utilisés, et quelles conditions organisationnelles permettent une adoption plus significative. Il a contribué à plusieurs projets d’évaluation de programmes fédéraux et siège actuellement au conseil d’administration du Fonds éducatif de la Société canadienne d’évaluation. Son travail met l’accent sur le renforcement de la collaboration entre évaluateurs et équipes de programmes, ainsi que sur la promotion d’une culture d’apprentissage au sein de la fonction publique.

 

1A3. Donner du sens ensemble : l’apport des « data parties » aux évaluations fédérales

Les évaluations produisent souvent des données solides, mais l’engagement des parties prenantes peut rester limité. Des recommandations sont formulées, mais sans que les parties prenantes comprennent toujours le contexte des constats. Les « data parties » offrent une solution. Ce sont des séances semi-structurées où évaluateur·rice·s et parties prenantes examinent ensemble les données et les constats émergents pour en faire une analyse collective.

Cette présentation expliquera ce que sont les « data parties », pourquoi elles fonctionnent et comment les animer efficacement, à l’aide d’exemples concrets.  Plutôt que d’interpréter les résultats seuls, les évaluateur·rice·s participant à des « data parties » intègrent le personnel des programmes, les gestionnaires et les personnes expertes en la matière dans le processus d’interprétation. Cela réduit les risques de mauvaise interprétation, met en lumière des éléments contextuels que l’équipe d’évaluation aurait pu manquer, et favorise une adhésion précoce aux résultats et aux recommandations.

Lorsqu’elles sont bien menées, les « data parties » permettent de mieux cibler les constats, d’identifier les lacunes en amont, et d’augmenter les chances que les recommandations soient effectivement mises en œuvre. Les participant·e·s repartiront avec une approche simple et reproductible àappliquer dans leurs propres évaluations.

Brett Matsushita, évaluateur, Agriculture et Agroalimentaire Canada
Brett Matsushita est un évaluateur émergent au sein du ministère d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.